Pistes pédagogiques

 

La circulation océanique de surface

La carte générale des courants océaniques de surface a été obtenue en exploitant les livres de bord de nombreux navigateurs puis affinée par les études océanographiques engagées dès la première moitié du XXième siècle.

Circulation aux basses latitudes

Les forces de Coriolis sont faibles près de l'équateur. Les Alizés entraînent donc l'eau dans le sens du vent, c'est à dire vers l'ouest, où elle tend à s'empiler. De plus, au cours de son déplacement vers l'ouest, l'eau se réchauffe et se dilate. Pour ces deux raisons, le niveau de la mer est plus élevé d'environ cinquante centimètres à l'ouest des océans tropicaux. Une partie de cette eau alimente les courants comme le Gulf Stream et le Kuroshio et une autre partie revient dans le sens de la pente, toujours par suite de la faiblesse des déviations de Coriolis. C'est pourquoi on rencontre des courants de retour vers l'est, appelés contre-courants ou sous-courants équatoriaux (ces derniers circulant sous la surface, le long de l'équateur).

Moyennes et hautes latitudes

- L'Atlantique Nord

Image du Gulf Steam datant du 20 mai 2000

Le courant équatorial nord se prolonge par le courant des Antilles qui converge avec le courant de Floride sortant du golfe du Mexique pour donner le Gulf Stream, puissant courant dont le flux peut atteindre 90.106 m3/s.
Le Gulf Stream tourne autour de l'empilement situé au centre de l'Atlantique nord (gyre anticyclonique subtropical). Une partie de ce courant s'infléchit vers le sud en formant de nombreux tourbillons, une autre partie continue vers l'est : c'est la dérive nord atlantique.
Plus au nord, on rencontre un circuit océanique cyclonique (Basse pression d'Islande) déformé par la présence du Groenland. La dérive Nord atlantique se prolonge par le courant de Norvège relativement chaud et salé. Au contraire, le long des côtes du Groenland, le courant froid de décharge de l'Arctique transporte icbergs et banquise vers le sud. Enfin, le courant du Labrador transporte vers le sud, le long des côtes canadiennes et américaines des eaux froides et vient converger avec les eaux du Gulf Stream.

- L'Atlantique Sud

Le courant du Brésil, courant de bord ouest, transporte des eaux chaudes jusqu'à la région de confluence avec le courant des Malouines et le courant circumpolaire qui s'écoule vers l'est sans entrave continentale. A l'est, le courant froid de Benguela ferme le circuit anticyclonique de l'hémisphère sud.

- Le Pacifique

Le Pacifique est beaucoup plus large que l'océan atlantique mais on y retrouve une circulation océanique voisine du fait d'une distribution des champs de pression atmosphérique donc des vents similaire. 
Le circuit anticyclonique comprend le courant équatorial nord, puis le Kouroshio, courant chaud similaire au Gulf Stream. Ce courant se prolonge par la dérive Nord Pacifique qui assure aux côtes américaines un climat semblable  à celui de l'Europe de l'ouest. Enfin, le circuit anticyclonique se boucle par le courant de Californie.
Au nord de cette circulation anticyclonique, se forme une circulation cyclonique sous les basses pressions des Aléoutiennes. Ce circuit est alimenté par le courant de l'Alaska, le courant des Aléoutiennes et vers le sud, par le courant du Kamtchatka et de l'Oyashio, courants froids qui descendent de la mer de Béring puis convergent avec les eaux chaudes du Kouroshio.
Les hautes pressions subtropicales sud, entraînent une circulation anticyclonique dans le Pacifique Sud : courant Est australien, courant circumpolaire, courant du Pérou et fermeture du circuit par le courant équatorial sud.

- L'océan Indien

L'océan Indien est sous l'influence d'une circulation subtropicale anticyclonique semblable à celle des autres bassins océaniques. 
Le courant équatorial sud se sépare en deux près de Madagascar :une branche passe au nord de l'ïle, l'autre banche, le courant Est malgache se dirige vers le sud et se prolonge le long de la côte africaine par le courant des Aiguilles. Ce courant d'origine tropical, rencontre à la pointe sud de l'Afrique, le puissant courant circumpolaire qui entraîne une grande partie de ses eaux vers l'est provoquant de nombreux tourbillons. Le long des côtes australiennes, le courant portant au nord se détache de la côte sous l'influence d'un courant côtier sud (courant de Leeuwin).
En raison de sa fermeture continentale asiatique autour de 20°N, l'océan Indien subit deux fois par an, un renversement des vents : c'est le régime des moussons. Comme cet océan se situe en région tropicale où la force de Coriolis est plus faible, la circulation océanique répond rapidement au vent et s'inverse donc aussi deux fois par an : c'est la région du monde qui présente la plus forte variabilité océanique.

- Le cas particulier de l'océan antarctique

Entraîné par les violents vents d'ouest ("quarantièmes rugissants et cinquantièmes hurlants"), le courant circumpolaire est le courant le plus puissant du globe. Il se développe sans entrave continentale à l'exception du resserrement entre la pointe de l'Amérique du Sud et la péninsule antarctique.

De l’énormité des transports d’eau

A une latitude donnée, le flux d'eau transporté par les courants ne dépend pas de la pente de la topographie dynamique mais de la différence de niveau de la surface de la mer de part et d'autre du courant. En effet, un courant intense d'une centaine de kilomètres de large ne transporte pas plus d'eau qu'un courant faible réparti sur plusieurs milliers de kilomètres. Par exemple, le transport d'eau vers le nord effectue par le courant de Floride est proche de celui qui retourne vers le sud dans le reste du bassin.
Les quantités d'eau ainsi transportées sont considérables. Pour mesurer leur flux, on utilise comme unité le Sverdrup (Sv), qui vaut un million de m3/s. Pour fixer les ordres de grandeur : l'ensemble des rivières du monde forme un flux de 1 Sv et les précipitations au-dessus des océans sont de l'ordre de 10 Sv.
Le courant de Floride transporte 30 Sv. Au sud des bancs de Terre-Neuve, le Gulf Stream atteint 130 Sv. Le courant antarctique circumpolaire transporte par endroit jusqu'à 135 à 180 Sv. Ce volume est d'autant plus impressionnant que la quantité d'eau déplacée directement par le vent est assez faible. Ainsi, dans l'océan Atlantique Nord, la quantité d'eau poussée vers le sud par les vents tempérés et empilée au centre du bassin n'est que de 5 Sv. L'océan amplifie ce petit transport de surface sous forme de circulation géostrophique interne et par entraînement. L'énergie des grands courants est au moins cinq fois supérieure à celle fournie par les vents.